La Disparition, Annette Zelman, été 42
du Jeudi 7 mars au Dimanche 28 avril 2024
Mairie de Paris 10ème
Nous vous signalons l'exposition photographique de Jacques Sierpinski organisée par la mairie du 10ème arrondissement.
Annette Zelman, 20 ans, a été dénoncée à la Gestapo, parce que juive, fiancée à un jeune poète dadaïste de 24 ans, Jean Jausion, dont le père réprouvait l'union.
Arrêtée le 23 mai 1942, Annette sera déportée par le convoi n°3 vers Auschwitz-Birkenau.
Jean Jausion rompt avec sa famille, rejoint la famille d'Annette à Limoges, s'engage dans Franc Tireur, meurt dans les combats en Lorraine.
L'exposition retrace la vie familiale d'Annette Zelman et se tient dans la mairie où les jeunes fiancés avaient publié leurs bans.
Le vernissage aura lieu le jeudi 7mars à 19 heures en présence du photographe.
https://www.fondationshoah.org/memoire/la-disparition-annette-zelman-ete-42-jacques-sierpinski
79ème Anniversaire de la Libération d’Auschwitz
Journée Internationale en Mémoire des Victimes de la Shoah et de Prévention des Crimes contre l’Humanité
Samedi 27 Janvier 2024 à 10 heures 30
à l’ancienne Gare de la Déportation de Bobigny, 151 avenue Henri Barbusse, 93000 Bobigny
Caroline Pozmentier-Sportich et Bernard Grinfeld Coprésident(e) de l'AFMA vous prient d'honorer de votre présence la cérémonie commémorative sur le site de l’ancienne Gare de la Déportation de Bobigny, 151 avenue Henri Barbusse 93000 Bobigny
Discours prononcé par Bernard Grinfeld lors de la commémoration:
Cette cérémonie du 27 janvier, date anniversaire de la «Libération» ou plutôt de l’ouverture du camp d’Auschwitz est une tradition à Bobigny.
Elle a été volontairement initiée par Bernard Birsinger alors maire de Bobigny, à l’aube du nouveau millénaire et s’est poursuivie sans interruption depuis lors. Vous -mêmes, monsieur le maire, vous avez participé avec constance, avant même d’être élu maire, à ces moments de commémoration, en janvier, en avril pour la journée des victimes et des héros de la Déportation ainsi qu’en mai avec nos amis du convoi 73.
Au fil des années, les ministres de l’éducation nationale du Conseil de l’Europe puis l’Organisation des Nations Unies ont choisi cette même date du 27 janvier pour se souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont disparus dans la tourmente et rappeler que, ce que nous appelons en France la Shoah, « demeurera à jamais, pour tous les peuples un rappel des dangers de la haine, de l’intolérance, du racisme et des préjugés.
C’est pourquoi nous rendons hommage aujourd’hui aux six millions de juifs qui furent assassinés ainsi qu’à toutes les victimes dont des centaines de milliers de Roms, des homosexuels et des handicapés.
L’an dernier nous avons mis l’accent sur la multiplication des actions de résistance , de la révolte du ghetto de Varsovie et des camps d’extermination de Treblinka, et Sobibor.
Cette année sera marquée par le 80eme anniversaire de la Libération de la France , mais aussi, alors que la défaite des nazis était inéluctable, par l’acharnement d’Alois Brunner à poursuivre les déportations allant jusqu’à débusquer les enfants dans les maisons de l’UGIF pour remplir ses convois.
Ce matin, permettez-moi d’évoquer plus précisément la mémoire de trois personnes survivantes après la guerre mais aujourd’hui disparues.
- La première, Isabelle Choko a été jusqu’à la fin présidente de l’AFMA. Polonaise, elle a connu dès l’âge de 11 ans l’enfermement dans le Ghetto de Lodz, puis, successivement, les camps d’Auschwitz et de Bergen Belsen. Tout au long de ce parcours elle n’a pu tenir que grâce à la force et l’amour de sa mère ainsi qu’à la solidarité de ses camarades de captivité. A la Libération , elle pesait moins de 30 kgs. Après plusieurs moi de convalescence passés en Suède elle se réfugie à Paris chez un cousin et commence enfin à construire sa vie d’adulte. À l’AFMA , elle était très impliquée, ici à la gare de Bobigny. Elle avait succédé à Jacques Celiset au comité de pilotage et avait signé, avec Lucien Tinader la convention de financement des stèles commémoratives par l’AFMA. Son état de santé ne lui a pas permis de participer à l’inauguration du 18 juillet. Elle est décédée quelques jours plus tard.
- Claude Bloch s’est éteint dans la nuit du 31 décembre dernier. Au début de la guerre, il vivait à Lyon avec sa mère et son grand-père. La famille ne s’est pas fait recenser comme juive et vivait avec des papiers falsifiés par le grand-père. En février 1944 elle déménage à Crepieux-la-Pape, aujourd’hui commune de Rillieux-la-Pape. Et en avril, au moment où se noue le drame des enfants d’Izieu, la milice confisque l’appartement lyonnais. La résistance exécute Philippe Henriot le 28 juin. Dès le lendemain à l’aube, la milice de Paul Touvier fusille 7 otages Juifs à Rilleux-la-Pape et vient arrêter la famille Bloch à 11h45. Livrés à la gestapo. Le grand-père est assassiné tandis que Claude et sa mère sont conduits au fort Montluc puis à Drancy et déportés de Bobigny à Auschwitz par le convoi, le 77. Claude fut sélectionné pour le travail forcé tandis que sa mère, Aliette Meyer fut gazée. Transféré au camp de Stutthof près de Dantzig, il revint à Lyon après la guerre, devint comptable et fonda une famille qui compte aujourd’hui 17 descendants. C’était un homme humble et discret. Pendant des années , il venait régulièrement à Drancy pour témoigner auprès des jeunes. Les Tinader qui organisaient ces rencontres pouvaient compter sur lui ainsi que sur André Berkover, le père de Thierry et bien d’autres. Il a plusieurs fois participé à nos voyages de mémoire. Il avait l’habitude de dire que «sa mère lui avait donné trois fois la vie, la première fois en le mettant au monde, la deuxième en lui faisant mettre un pantalon au lieu d’un short de scout , au moment de l’arrestation et la troisième fois en lui faisant prendre la bonne file à Auschwitz.»
- Le troisième est Raphael Feigelson. Élève au lycée Lavoisier à Paris , il participe à 14 ans à la manifestation du 11 novembre 1940 sur les Champs Élysées et s’engage avec son père dans la résistance. Au printemps 1942 il quitte Paris pour Lyon puis Toulouse. Arrêté en 1944 il sera transféré à Drancy et déporté, lui aussi par le convoi 77. Lorsque les nazis évacuèrent le camp d’Auschwitz le 18 janvier 1945, pour entraîner 70 000 détenus dans les « marches de la mort », il se cacha, parvint à s’évader et à aller au devant de l’Armée rouge. Il fut pris pour un espion et dut s’expliquer avec le commandant Shapiro dans la seule langue qu’ils avaient en commun, le Yiddish. Ayant gagné leur confiance, il les conduisit jusqu’au camp le 27 janvier 1945 et poursuivit la lutte avec ses libérateurs.
Les grands témoins qui portaient la mémoire de la guerre disparaissent progressivement si bien que nous devenons, tous, les dépositaires de cette mémoire. Après 30 ans de persévérance, nous avons su inaugurer magnifiquement ce nouveau Mémorial. Sachons nous rassembler pour le faire vivre. Nous pouvons compter sur l’appui de la communauté éducative, la participation de nos associations, la bienveillance des autorités mais aussi sur l’association des amis du Mémorial qui est en formation.
L’aide précieuse de deux jeunes femmes, dynamiques et sensibles: Adèle Purlich ici et Eleonore Ward au Mémorial de la Shoah à Drancy nous sera très utile. Je suis sûr que nous pourrons ainsi aider nos enfants et petits enfants à grandir dans la Paix, la sérénité et le respect de l’autre et des valeurs et principes de notre République.
Projection du film “La Saga des Finkelsztajn“ réalisé en 1994 (nouvelle version numérisée)
Mercredi 24 janvier à 19h.
À la cinémathèque Robert Lynen, 11, rue Jacques Bingen, metro Monceau Paris 17eme
Notre ami Joseph Finkelsztajn nous invite à la projection de son film et nous vous encourageons à y assister nombreux à cette projection unique, en présence du réalisateur.
Entrée libre sur réservation auprès de
Ce documentaire comporte des témoignages précieux de toute une génération d’Ashkénazes ayant vécu la Shoah. Il vous fera revivre un monde yiddish aujourd'hui disparu !
Les témoignages portent :
- sur la recherche du passé de mes parents en Pologne
- sur l'histoire de la résistance en France des FTP MOI, à travers l'exemple des Najman, de leur fils Serge, et de leur petite fille Muriel : une transmission impressionnante!
- l'histoire d'enfants cachés comme celle de Claude Litmanovicz.
Claude Bloch nous a quitté
Claude BLOCH vient de nous quitter, il est un des derniers grands témoins de la SHOAH, il a lutté toute sa vie contre l'oubli de la SHOAH, contre le négationnisme et contre toutes les formes de haine.
Avec le départ de Claude l'AFMA perd l'un de ses plus fidèles témoins, présent devant les classes jusqu'au bout. Un homme de passion et transmission.
Il aura été un des témoins les plus assidus de l'AFMA,
Caroline Pozmentier-Sportich, Coprésidente
Bernard Grinfeld, Coprésident
Charles Leniger, Secrétaire général
Deux films sur la transmission de la mémoire traumatique
Le réalisateur Joseph Finkelsztajn, dont les deux parents étaient des rescapés du ghetto de Varsovie, nous invite à la projection de ses deux films sur la transmission de la mémoire sur trois génération dans sa famille.
"la question de la transmission des traumatismes de génocide ou de guerre, d'une génération à l'autre, est malheureusement plus que jamais d'actualité" nous dit-il aussi.
- Le 11 Janvier 2024 à 19 heures, "Le Cri du ghetto résonne encore" au Pavillon Carré Baudoin, 121 rue de Ménilmontant, 75020 Paris
- Le 24 Janvier 2024 à 19 heures, "La Saga des Finkelsztajn" à la cinémathèque Robert Lynen, 11 rue Jacques Bingen, 75017 Paris
Projection suivie d'un débat en présence de l'auteur. Entrée libre
Réservation:
Invitation à manifester contre l'antisémitisme
Le déferlement des actes antisémites un peu partout dans le monde est particulièrement préoccupant. Il a commencé dès le lendemain du pogrom du Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, sans attendre la riposte de l’armée à Gaza.
En France même le nombre d’actes antisémites a explosé dépassant le millier, soit plus du double de ceux enregistrés pendant toute l’année précédente.
Comme à chaque fois depuis 2006, certains n’ont pas voulu voir ce qu’ils avaient au bout de leur nez ni appeler un chat un chat.
Aujourd’hui, comme nous avons commémoré, jeudi soir , la nuit de Cristal , le grand pogrom du 9 novembre 1938 en Allemagne et en Autriche. Nous vous invitons à participer à toutes les initiatives citoyennes contre l’antisémitisme . Ce dimanche à Paris entre l’assemblée nationale et le sénat , en province devant les préfectures en veillant bien à se protéger de tout amalgame,
Bien entendu, fidèles à nos valeurs et à nos positions constantes contre le négationnismes, nous trouvons indécents que l’extrême droite veuille apparaître aujourd’hui comme le « défenseur des Juifs« , d’autant plus que certains de leurs membres les plus éminents ont été condamnés , à plusieurs reprises, dans le passé, mais aussi très récemment pour ce motif.
Est-il besoin de rappeler que Jean Paul Sartre écrivait déjà , en 1946, dans ses «Réflexions sur la question Juive»: «L’antisémitisme n’est pas un problème Juif: c’est notre problème»
Allocution prononcée par M. Bernard Grinfeld, co-Président de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz
le 18 Septembre 2023
Monsieur le Maire,
Cher Marc Choko
Chers membres de la famille,
Cher Victor Perahia,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Tout d’abord, merci de nous permettre de dire aujourd’hui, devant ces hautes personnalités de la communauté juive et de la mémoire de la Shoah, le jour anniversaire de ses 95 ans, toute l’affection que nous éprouvions à l’égard d’Isabelle Choko.
C’était une grande dame avec beaucoup d’élégance et d’humour.
Sans le soutien indéfectible de sa mère et la solidarité de ses camarades, elle n’aurait survecu ni au ghetto ni aux camps pendant plus de cinq longues années.
À Bergen Belsen, lorsque sa mère disparut en la soignant, elle voulut mourir mais fut réveillée par ses codétenues qui avaient besoin d’elle. Dès lors, elle parvint à transformer toutes les horreurs qu’elle avait endurées en appétit pour la vie, la joie, la solidarité et la bienveillance.
Depuis l’aube du nouveau millénaire, elle s’était mobilisée contre l’oubli en témoignant auprès des jeunes générations.
Nous étions fiers que:
- présidente de l’AFMA, elle ait accompagné le premier ministre Édouard Philippe à Auschwitz,
- que son portrait ait figuré parmi les 42 accrochés sur les grilles du jardin du Luxembourg,
- qu’elle ait succédé à Raphael Esraïl a l’Union des Déporté d’Auschwitz
- et qu’elle soit intervenue à l’UNESCO.
Le 4 juillet dernier, avec Charles Leniger, notre secrétaire général, nous avions rendez-vous avec elle pour notre traditionnelle réunion mensuelle de travail qui se terminait invariablement par un repas dans un bon restaurant de Boulogne.
Elle devait représenter l’AFMA à l’inauguration du Mémorial de l’ancienne gare de déportation de Bobigny. Très impliquée dans ce projet, elle avait succédé à Jacques Celiset au comité de pilotage et avait signé avec le maire de cette ville l’avenant à la convention renouvelant l’engagement de l’AFMA pour le financement des stèles commémoratives des convois partis de France. Malheureusement elle ne pouvait plus le faire et elle nous a cruellement manqué.
Dure comme un roc, elle avait son franc-parler. Intransigeante sur toutes les résurgences du négationnisme, de l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, elle était toujours soucieuse du respect des particularités de chacun, c’était une battante, une perle rare. Toujours positive, elle occupait une place singulière dans le concert de la mémoire de la Shoah. Isabelle Choko restera dans nos mémoires et dans nos cœurs comme la jeune fille aux yeux bleus sauvée en 1945 à Bergen Belsen par l’Armée britannique et qui grâce à une sœur se réfugia en France où elle trouva l’amour d’Arthur avec qui elle fonda une famille et devint même championne d’échecs.
Mairie de Boulogne-Billancourt, le 18 Septembre 2023
Dimanche 24 septembre 2023, 11h30
Cimetière parisien de Bagneux
devant le monument des Engagés Volontaires Juifs et la stèle aux victimes de la Shoah
Nous nous joignons à l'invitation de nos amis du Farband (Union des Sociétés Juives de France) et de leur président à participer à la cérémonie du YIZKOR qu'ils organisent à la mémoire des engagés volontaires juifs et des victimes de la Shoah
mercredi 20 septembre 2023 à 18 heures
à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris
Entrée à partir de 17 h30 - 5, rue de Lobau - Paris 4e
Inscription obligatoire avant le 15 septembre auprès de
Nous saluons l'initiative de l'AFMD et de la Mairie de Paris et relayons leur invitation à assister, en avant première et en présence de sa réalisatrice, à la projection du film "Le retour des Résistantes"
- Anne HIDALGO, Maire de Paris
- Laurence PATRICE, Adjointe à la Maire de Paris chargée du monde combattant et de la mémoire
- Catherine BRETON, Présidente déléguée de Paris des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD 75)
- Charlotte UZU, Productrice – Les Films d’Ici
18 Septembre 2023, à 18 heures
dans les salons d'honneur de l'hôtel de ville de Boulogne -Billancourt
L'AFMA vous fait part de l'invitation de M. Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt et de la famille Choko à la cérémonie d'hommage à Madame Isabelle Choko.
RSVP:
Début Août 1944, alors que la Corse et libérée, que les Alliés ont libéré Rome, débarqué en Normandie où ils sont établis et d'où ils progressent, la situation insurrectionnelle mûrit en région parisienne avec de premières grèves à la RATP le 11 Aout 1944, les nazis rassemblent les résistantes et les résistants tirés des prisons et des lieux de détention. Après 3 précédents convois, 2400 déportés, un tiers de femmes et deux tiers d'hommes, sont entassés dans un dernier grand convoi partant le 15 août d'un discret embarquement, sur le quai aux bestiaux de la gare de Pantin.
L'AFMA a participé à la commémoration, organisée par l'Association des Amis du Musée de la Résistance nationale de Seine-Saint-Denis, en présence des associations et des élus régionaux, départementaux et locaux, le 11 août 2023, déposant une gerbe aux pieds de la plaque commémorative.
L' Association Fonds Mémoire d'Auschwitz est en deuil
Nous avons appris avec la plus grande tristesse le décès de Mme Isabelle CHOKO, notre Présidente d'honneur, qui s'est éteinte ce vendredi 21 juillet 2023.
Pour Isabelle, née en septembre 1928 à Lodz, l'enfance heureuse fut interrompue par l'occupation nazie, l'enfermement dans le ghetto de la ville avant d'être jetée dans l'enfer concentrationnaire dans le camp d'extermination d'Auschwitz, puis transférée à Waldeslust et Bergen-Belsen d'où, à bout de forces, elle ne survivra qu'après une longue convalescence.
Attachée à la vie, Isabelle fonda une famille, fut championne de France d'échecs. Au cours d'une vie active et jusqu'à très récemment, elle se consacra à témoigner pour faire vivre la mémoire et prévenir les générations nouvelles. Ainsi, avec son récent témoignage à l'UNESCO, lors de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste en janvier dernier.
Avec nos amies et amis de l'AFMA, Association Fonds Mémoire d'Auschwitz et de l'UDA, Union des Déportés d'Auschwitz dont elle était aussi présidente, nous garderons au coeur l'engagement sans complaisance d'Isabelle.
Les osèques se dérouleront dans la stricte intimité familiale.
Nous adressons à sa famille, ses amis et ses proches, nos profondes condoléances.
Commémoration de la Rafle du Vel d'Hiv
Lundi 17 juillet à 16h45
14 rue de Bretagne
L'AFMA se joint à l'invitation d'Ariel Weil, Maire de Paris Centre et Yohann Roszéwitch, Adjoint au Maire en charge de la vie associative, de la lutte contre les discriminations, de la mémoire et du patrimoine, pour commémorer la rafle du Vel d'Hiv à Paris Centre.
Rafle du Vel d'Hiv et déportation : commémoration à Fossoy (Aisne)
Vendredi 16 Juillet 2023, 11 heures
Devant la stelle commémorative, le long de la ligne de chemin de fer
Poursuivant une commémoration initiée il y a 33 ans, la mairie de Fossoy nous invite à participer à la commémoration d'un évènement singulier, lié à la grande rafle du Vel d'Hiv.
Le cas du message lancé par Maurice Zélis depuis son wagon de déportation, recueilli et acheminé, au défi des périls, par les époux Carron à son petit frère Jacques, montre un exemple de patriotisme, de solidarité et de courage face à la barbarie criminelle des nazis et de leurs collaborateurs en France.
L'AFMA qui, par la personnalité de son ancien président Jacques Céliset, a contribué à forger cette évènement, apprécie particulièrement le caractère républicain de cette commémoration et participe cette année comme les précédentes.
18 juillet 2023 après-midi
L'AFMA vous encourage à répondre à l'invitation de la direction du Mémorial de l'Ancienne Gare de Déportation de Bobigny qui sera inauguré le 18 juillet 2023 après-midi, à l'occasion des 80 ans du départ du premier convoi qui en partit pour Auschwitz.
Pour rendre hommage aux 22 500 déportés juifs partis depuis l'Ancienne Gare, l'inauguration sera rythmée par un répertoire choisi de musiques composées à Auschwitz interprétées par Hélios Azoulay et l'Orchestre de Musique Incidentale.
Nous vous invitons d'ores et déjà à réserver votre place en transmettant vos coordonnées par retour de mail à l'adresse
Merci de compléter chacun des champs ci-dessous :
- Nom:
- Prénom:
- Date de Naissance:
- Lieu de Naissance:
- Fonction:
- Organisme ou association représenté:
- Adresse postale:
- Adresse mail :
Votre participation contribuera à écrire une page importante de l'histoire du Mémorial.
Nous comptons sur vous pour, comme nous, faire circuler ce mail auprès de tous vos contacts susceptibles d'être intéressés par l'évènement.
Un album d’Auschwitz, comment les nazis ont photographié leurs crimes

Jeudi 25 Mai, 18:30
Ancienne Gare de déportation de Bobigny
69-151 avenue Henri Barbusse, 93 000 Bobigny
Bus 151 arrêt Gare (Grande ceinture) ou Tramway T1 station Escadrille Normandie Niemen, puis remonter l'avenue Henri Barbusse sur environ 500m
Nous vous invitons à participer nombreuses et nombreux au premier évènement scientifique organisé dans l'ancienne gare de déportation dont le site a été ouvert au public en ce début d'année 2023.
Tal Bruttmann présentera son dernier ouvrage "Un album d’Auschwitz, comment les nazis ont photographié leurs crimes", lors d'une conférence suivie d'un échange avec le public.
Rassemblant une série de photographies méconnues prises par des SS à l'arrivée des convois , ce livre est le produit d'un travail d'enquête franco-allemand de Stefan Hördler, Christoph Kreutzmüller et Tal Bruttmann, historiens spécialistes de la persécution des Juifs d'Europe, préfacé des multiples dimensions analysées par Serge Klarsfeld. Ils recomposent par ces séries de photographies, retrouvées par la recapée Lili Jacob à la libération des camps, les preuves utilisées lors des différents procès nazis qui pour certaines sont devenues iconiques, montrant l'horreur de ces opérations aux logistiques d'envergure.
Vous trouverez ci-dessous le lien d'inscription (entrée libre) pour la conférence:
Camp des Milles: émotion partagée des témoignages de déportés ou enfants cachés devant des collégiens marseillais

Sur le site de mémoire du camp des Milles , camp d'internement et de déportation, le 16 Mai 2023, Denise Toros-Marter, rescapée d'Auschwitz , accompagnée d'Alexandre Barbouth et d'Hélène Joffe, enfants cachés, ont témoigné devant 200 élèves de troisième de l’école de Provence.
Les témoignages ont été suivis d'un échange avec les élèves qui ont pu, dans une émotion partagée, poser les questions qu'ils avaient à adresser et recevoir une réponse toute personnelle.
Cet évènement organisé avec l'AFMA est fort bien décrit dans l'article publié par Destimed:
https://destimed.fr/Camp-des-Milles-Temoignages-bouleversants-de-deportes-et-enfants-caches-devant
Commémorations de la rafle du billet vert à Pithiviers et Beaune la Rolande
L'AFMA était présente avec d'autres associations pour la commémoration co-organisée par le Mémorial de la Shoah, l'association des Fils et Filles de Déportés et l'Union des Déportés d'Auschwitz.
La commémoration a commencé à Beaune la Rolande où le maire a prononcé un discours, le message de la Présidente de l'UDA et Présidente d'honneur de l'AFMA a été lu devant les stèles qui rappelent l'arrestation puis l'arrestation en région parisienne des juifs ensuite internés dans les camps du Loiret avant d'être envoyés par convois au camp d'extermination d'Auschwitz Birkenau. Parmi elles et eux, des milliers d'enfants, séparés de leur mère, dans des conditions indignes et effroyables, sur l'initiative des autorités françaises de Vichy, traîtres à la patrie et à la République.
Le maire de Beaune la Rolande a réitéré l'engagement de faire vivre la mémoire du lieu et des personnes qui y sont passées. Un jardin de plus d'un millier de rosiers blancs est en cours de plantation, symbolisant l'innocence des enfants victimes de la barbarie de Vichy.
Puis la commémoration s'est poursuivi à Pithiviers, pour s'achever à la Gare, maintenant site de mémoire, où était présentée une touchante exposition réalisée par le travail d'une classe de collège de Dijon, partant du nom d'un déporté, K., pour explorer plusieurs dimensions de la déportation et faire état de leurs recherches et voyages.
A cette occasion, la médaille de chevalier du Mérite a été remise à leur enseignante.
Le 14 Mai 1941: la "rafle du billet vert"
Ce vendredi 12 mai 2023, en présence de M. le Maire de Paris Centre, Ariel Weil, de l'adjointe à la mémoire de Mme la Maire de Paris, Mme Laurence Patrice, des élus de l'arrondissement et de la circonscription, parmiu lesquels M. le député Julien Bayou, a été dévoilée une plaque à la mémoire des 3710 hommes arrêtés lors de la rafle du "Billet vert", le 14 Mai 1941, par la police française sur odre de l'occupant nazi.
Nombre d'entre eux furent rassemblés à cette adresse, puis internés dans les camps du Loiret avant d'être déportés à Auschwitz pour y être exterminés selon les plans nazis.
L'AFMA était présente à cette commémoration
Abdel Sadi, Maire de Bobigny, Conseiller départemental,
Emma Deveau, Déléguée à la mémoire, aux anciens combattants et au tourisme,
le conseil municipal,
l'Association fonds mémoire d'Auschwitz (AFMA)
ont le plaisir de vous convier aux cérémonies républicaines dans le cadre de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation
Samedi 29 avril :
- 14 h Cérémonie au cimetière communal
- 14 h 30 Départ en car - Rendez-vous place Rabin-Arafat
- 15 h Cérémonie à la gare de Bobigny - Grande halle des Marchandises
Allocution de Bernard Grinfeld, Président de l'AFMA (voir ci-dessous)
Allocution et lecture du Message national 2023 des associations de déportés par M. Thierry Bercover, Président de l'AFMD
Allocution de Abdel Sadi, Maire de Bobigny
Témoignage de Jean Golgevit, lecture de textes par deux jeunes et chants d'Eva Golgevit - 15 h 45 Moment de recueillement
Allocution de Bernard Grinfeld, Président de l'AFMA:
Conformément à la loi de 1954, nous sommes réunis pour «célébrer la commémoration des Héros, victimes de la déportation vers les camps de concentration». Comme chaque année, fidèles à une longue tradition, nous rendons hommage à toutes celles et ceux qui, avec l’aide servile des autorités de Vichy ont été internés, déportés puis utilisés comme esclaves au service de l’économie de guerre nazie dans des camps dits de «la mort lente», ou assassinés dans des centres industriels de mise à mort. Ils étaient classés en 7 catégories plus ou moins "indésirables" aux yeux des nazis: Les Juifs, les Tsiganes, les asociaux, les Témoins de Jehovah, les Homosexuels, les droits communs, les politiques. De fait, il suffisait d’appartenir à l’une de ces catégories ou de manifester des sentiments d’avoir un geste un tant soit peu hostile pour être arrêté. Les handicapés, les Francs-maçons, les résistants, les réfractaires au STO ou ceux et celles qui contribuèrent à sauver des enfants ou à participer à des filières d’évasion, s’exposaient aux mêmes conséquences et connurent l’enfer de l’univers concentrationnaire. Les républicains espagnols n’y ont pas échappé.
Au delà des chiffres qui sont accablants, il s’agissait d’Hommes, de Femmes et même d’enfants qui portaient un nom, qui avait une histoire et que la grande Histoire ne doit pas oublier.
Il y a 80 ans, en France, après l’unification des mouvements de la Résistance (MUR), les forces clandestines se rassemblent au sein du Conseil National de la Résistance (CNR) dont la première réunion se tient le 27 mai 1943 rue du Four, à Paris. En prévision de la Libération, tous les services du Noyautage de l’Administration Publique (NAP), fusionnent. Ils sont notamment chargés de la confection des faux papiers dans les préfectures, des écoutes téléphoniques aux PTT, du sabotage à la SNCF, de l’évasion des agents et du sauvetage des proscrits, etc…
L’esprit de la Résistance n’avait pas cessé de se développer depuis les premières fusillades d’ «otages», de résistants et de patriotes. Il s’était encore renforcé après l’occupation de la zone libre, les premières défaites nazies en Afrique du Nord, à Stalingrad et l’instauration du STO. Il imprégna durablement la société Française après la guerre. Encore aujourd’hui, la lutte continue pour sauvegarder les acquits sociaux de cette période.
Notre reconnaissance va aussi à tous ces hommes et ces femmes qui, au péril et parfois au prix de leur vie ont apporté leur pierre au combat contre les nazis et leurs complices ou à la solidarité avec leurs victimes.
Nous tenons également à rendre hommage aux femmes qui furent internées tout près d’ici, au fort de Romainville et dont certaines furent déportées à Ravensbrück par le convoi des 31000.
À Varsovie aussi, la Résistance Juive s’unifie, en juillet 1942, au sein d’un « bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée : l’Organisation Juive de Combat (OJC).
Nous rendons hommage à ceux et celles très nombreuses, qui se sont soulevés et se sont sacrifiés, il y a 80 ans, dans le Ghetto pour la dignité humaine et la liberté. Mais aussi pour révéler au monde entier, dès le mois d’août 1942, non seulement l’horreur de leur vie quotidienne mais aussi la réalité de la destruction systématique de tout un peuple.
En France les résistants étrangers furent très sensibles aux informations venant de Varsovie. Ils les avaient captées soit directement de Pologne, soit par le truchement de la BBC. Ils les diffusèrent largement par les moyens clandestins qui étaient les leurs. Ce qui leur permis de mieux mobiliser les combattants.
Nous avons une pensée particulière pour eux. Ceux des FTP/MOI, du groupe Manouchian, de l’affiche rouge, qui multiplièrent les attaques. Elles culminaient au rythme de 2 par jour en 1943ils tombèrent en novembre et furent exécutés le 21 février 1944.
Aujourd’hui, le Mémorial de l’ancienne gare de déportation nous réunit à nouveau. Ce sont des Juifs uniquement qui sont partis d’ici, beaucoup ont été gazés directement en arrivant à Auschwitz-Birkenau ou Sobibor. Sur les plaques métalliques qui symbolisent chaque convoi de la solution finale parti de France, vous pouvez lire la destination, le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants. Le plus jeune d’entre-eux, Adam Blomberg, avait 14 jours. À la Libération, seuls 3% d’entre-eux revinrent parce qu’ils ou elles eurent la «chance» d’être sélectionnés pour le travail forcé et de survivre à la faim, au froid, à la maladie et aux marches de la mort.
Monsieur le Maire, vous connaissez l’attention que nous portons au succès du Mémorial de Bobigny. Nous faisons toute confiance à sa directrice Adèle Purlich et à son équipe. Notre association participe à la commission mémoire de l’ONAC-VG, ainsi qu’au jury départemental du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD). Nous travaillons, de plus en plus, en liaison avec le Département, les autres collectivités publiques ainsi que les associations mémorielles. D’ailleurs, symboliquement nous déposerons aujourd’hui, ici, et demain, au fort de Romainville, une gerbe commune avec nos Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Bien entendu nous ne manquerons pas l’inauguration du 18 juillet prochain.
Avant cela nous serons également ici-même, ensemble,le 25 mai prochain, pour remettre les prix du CNRD et pour assister à la conférence de Tal Brutmann sur l’Album d’Auschwitz.
Par ailleurs, nous projetons également de mettre en place, dans les semaines qui viennent une association des «amis du Mémorial de la gare de Déportation de Bobigny».
Commémoration du 80ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie
L'AFMA sera présente à la commémoration organisée par la Mairie de Paris, aux côtés des autres organisations juives, pour rappeler l'exemple de l'esprit de résistance et de l'unité des énergies face à la terreur criminelle nazie.
En avant première, nous vous livrons l'article qu'a bien voulu nous livrer l'historienne Zoé Grumberg:
Quel a été l’impact du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? Comment ce soulèvement a ensuite été commémoré par les Juifs de France à l’issue de la guerre ?
C’est en tant qu’historienne spécialiste du secteur juif du Parti communiste français (PCF) après la Seconde Guerre mondiale que j’interviens aujourd’hui : les Juifs communistes ont donc logiquement une place importante dans mon propos, même si je tâche de prêter la même attention aux mouvements non-communistes.
Pendant la guerre
Les premiers échos du soulèvement du ghetto de Varsovie se font entendre dans le monde juif de France à la fin du mois d’avril ou au début du mois de mai 1943, par le biais de Radio Londres et plus particulièrement du service polonais de la BBC. D’après Adam Rayski, responsable de la section juive du PCF sous l’Occupation, la diffusion sur Radio Londres aurait été retardée en raison des tractations entre le gouvernement polonais en exil et les autorités britanniques qui souhaitaient préalablement vérifier les informations(1).
Pour l’ancien résistant, cela s’expliquerait par la tendance des gouvernements des pays alliés à se méfier des soulèvements et révoltes non coordonnées avec leurs objectifs stratégiques ou politiques. Plus généralement, l’effet du soulèvement du ghetto de Varsovie paraissait limité sur le plan militaire et n’était pas de nature à changer le cours de la guerre : cela n’était donc pas au cœur de leur communication. Pour le monde juif, en revanche, cet événement revêtait une signification symbolique et morale très forte, ce que les organisations juives ont très vite compris. L’historienne Renée Poznanski date du 1er mai la première allusion à la résistance des Juifs du ghetto de Varsovie dans un numéro du journal juif communiste Notre voix(2).
Les informations étaient alors parcellaires et c’est dans les jours et semaines à venir, parallèlement à l’écoute des émissions de la BBC, qui donnaient des informations de plus en plus précises sur le déroulement des évènements, que les organisations juives de Résistance ont commencé à publier plus abondamment sur le soulèvement du ghetto de Varsovie. Parmi les plus actifs, on trouve les Juifs communistes au premier rang desquels l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (l’UJRE), qui consacre ses journaux clandestins (Undzer Wort, Notre Voix, Jeune Combat) au suivi du soulèvement du ghetto de Varsovie et le mentionne dans de nombreux tracts. Le Mouvement national contre le racisme (MNCR), proche de l’UJRE, diffuse et commente le soulèvement du Écho et mémoire du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif de France pendant et après la guerre.
“La presse clandestine était donc centrale pour obtenir de vraies informations sur l’évolution de la guerre et le sort des Juifs”
ghetto de Varsovie dans des numéros spéciaux de ses journaux J’accuse, Fraternité, Combat Médical notamment.
Les communistes ne sont toutefois pas les seuls à en parler dans leurs journaux : en septembre, le mouvement Poalé Tsion gauche, un mouvement sioniste marxiste, consacre ainsi le premier numéro de son journal en yiddish Arbeiter Zeitung, aux insurgés du ghetto de Varsovie.
Si tous les mouvements n’avaient pas de journaux clandestins, ce qui ne permet pas toujours de savoir s’ils relayaient telle ou telle information, le soulèvement du ghetto de Varsovie est un événement central pour toutes les organisations juives de France qui cherchent à en parler et à diffuser l’information par divers biais. Pourquoi les organisations juives de Résistance ont-elles fait une place importante à cette nouvelle et quel était leur objectif en essayant de la diffuser au plus grand nombre ?
Il faut rappeler que pendant la guerre, les Nazis cherchaient à dissimuler toute information sur le sort réservé aux Juifs à l’Est de l’Europe. De plus, les Juifs étaient théoriquement privés de postes de radio et donc ne pouvaient pas, sauf s’ils possédaient clandestinement une radio, se tenir au courant par le biais de Radio Londres par exemple. La presse clandestine était donc centrale pour obtenir de vraies informations sur l’évolution de la guerre et le sort des Juifs. Toutefois, la presse clandestine non-juive accordait peu d’importance à l’extermination des Juifs. En comparant la presse clandestine non-juive avec les émissions de Londres et avec les journaux des organisations de résistance juives, l’historienne Renée Poznanski a montré que la situation des Juifs n’a jamais été la priorité de la Résistance française(3).
Les organisations de résistance juives devaient donc en parler elles-mêmes et c’est d’ailleurs ce qu’elles faisaient, en tâchant d’alerter les Juifs sur la situation à l’Est et sur la nécessité de fuir et de se cacher. Mais le soulèvement du ghetto de Varsovie a eu une place très particulière dans la presse clandestine juive. En parlant du soulèvement du ghetto de Varsovie, la presse clandestine juive et particulièrement la presse juive communiste avait trois objectifs. Le premier objectif était de faire prendre conscience à la population juive du sort qui les attendait à l’Est.
Les Juifs communistes, en particulier, avait diffusé très tôt des informations sur ce qu’il se passait à l’Est. Mais lorsqu’ils parlaient des rumeurs autour de l’existence de gaz asphyxiant, y croyaient-ils eux-mêmes ? Et que croyaient la population juive ? On peut tout à fait savoir quelque chose, sans toutefois y croire. Ce que montrait le soulèvement du ghetto de Varsovie, c’est que des hommes et des femmes étaient prêts à se battre et à perdre la vie dans des combats, plutôt que d’être déportés.
La déportation ne menait donc pas à des prétendues « camps de travail » mais à la mort, dans la plupart des cas. Répression du soulèvement du ghetto de Varsovie par la Waffen SS. Le deuxième objectif de la presse clandestine juive de France était de mobiliser les masses juives dans la lutte contre l’occupant. Undzer Wort écrivait ainsi en juin 1943 : « Les Juifs de Varsovie ont fait la seule constatation logique découlant de leur martyre : se résigner, attendre, rechercher des compromis, menaient inévitablement à la disparition ».
En faisant entendre les cris des Juifs insurgés du ghetto, il s’agissait donc autant de leur rendre hommage que de faire prendre conscience aux Juifs de France de l’importance de la lutte, peu importe la forme qu’elle pouvait prendre (pour les communistes, notamment, cette lutte se devait d’être armée, un point de vue que ne partageaient pas toutes les organisations juives).
Alors que les Juifs étaient menacés dans les existence tant individuelle que collective, et que la clandestinité et la situation de la guerre pouvait conduire à l’éparpillement et au repli sur soi, les organisations juives appelaient à la mobilisation collective. Les Juifs communistes n’hésitaient pas, dans ce contexte, à faire référence à l’existence nationale du peuple juif, en inscrivant le soulèvement du ghetto de Varsovie dans la continuité de luttes du peuple juif pour une existence nationale indépendante(4).
Renée Poznanski rappelle que cette référence à l’existence nationale du peuple juif pouvait avoir un objectif militant pour les Juifs communistes, qui cherchaient à galvaniser tous les Juifs de France. Mais elle révèle aussi la conscience des Juifs communistes qu’un tournant semblait s’être produit dans l’histoire du peuple juif, ce qui les conduisait à des accents nationalistes qu’ils rejetaient jusqu’alors.
Enfin, le troisième objectif poursuivi par les organisations juives était l’unité. Au printemps 1943, le monde juif était en pleine réorganisation politique. Des négociations avaient lieu entre diverses organisations juives yiddishophones : sionistes, bundistes et communistes. Comme l’explique Renée Poznanski, « les nouvelles du ghetto semblent avoir eu un impact direct sur leur résultat(5) ». Les bundistes, initialement hostiles à tout accord avec les communistes, auraient en effet changé d’avis à ce moment, à la suite des échos du soulèvement héroïque du ghetto de Varsovie, fruit de l’union de plusieurs forces politiques initialement concurrentes. Les négociations ont ensuite donné lieu à la création du Comité général de Défense (CGD), premier pas vers l’union de toutes les forces juives de France dans le Conseil représentatif des Juifs de France (CRJF, qui devient après-guerre le CRIF).
Prise de conscience, mobilisation, unité, tels ont été les impacts du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif de France pendant la guerre. En donnant l’image d’un peuple juif héroïque, les insurgés du ghetto de Varsovie ont non seulement lutté pour leur vie mais aussi pour l’existence collective du monde juif, pour sa dignité et pour la liberté. “le troisième objectif poursuivi par les organisations juives était l’unité. Au printemps 1943, le monde juif était en pleine réorganisation politique” Rue Nowolipie à l'intersection avec la rue Smocza, ghetto de Varsovie.
Après la guerre
Comment le monde juif de France a-t-il commémoré l’insurrection du ghetto de Varsovie après la guerre ?
Comme l’a montré l’historien Simon Perego, auteur d’une thèse sur les commémorations de la Shoah dans le monde juif de France entre 1944 et 1967, la commémoration de la révolte du ghetto de Varsovie était au cœur de la mémoire des Juifs de Paris après la Seconde Guerre(6).
L’insurrection avait une valeur de « mythe », c’est-à-dire un souvenir idéalisé qui exerce une fascination durable sur la conscience collective. Cette commémoration est devenue le rendez-vous le plus important du calendrier juif parisien. Temps fort commémoratif de l’année, elle rassemblait un public nombreux, prenait souvent une forme grandiose avec des discours, des parties artistiques, des intervenants connus. Toutefois, dans le contexte des conflits politiques dans le monde juif, qui ont progressivement conduit à la division du monde juif entre communistes et non-communistes (à partir de 1948 et surtout au début des années 1950), la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie s’est vite fragmentée.
Après des commémorations communes dans l’immédiat après-guerre, les organisations ont toutes cherché à organiser leur propre commémoration. Cela témoignait non seulement des conflits entre organisations juives mais aussi d’une vision ni unanime ni consensuelle du soulèvement du ghetto de Varsovie. Ce sont surtout quatre grandes commémorations qui avaient lieu : celle du Bund et de l’Arbeter Ring, celle de la Fédération des sociétés juives de France (à tendance sioniste) et des organisations non ou anti-communistes), celle de l’UJRE et des groupements progressistes et, à partir de 1957, celle du Mémorial du martyr juif inconnu.
Malgré cette fragmentation des commémorations, ces dernières partageaient des traits communs. Elles mettaient tout d’abord en avant le rôle des civils révoltés, hommes et femmes. Les femmes ont en effet participé à la lutte armée mais beaucoup d’entre elles ont aussi joué un rôle central dans l’aide concrète aux combattants qu’elles cachaient, hébergeaient, nourrissaient. Les organisations juives soulignaient, deuxièmement, le fait qu’il s’agissait d’une des premières révoltes de ce type pendant la guerre. Elles rappelaient les mérites militaires des combats face à des nazis bien plus nombreux et plus armés. Elles soulignaient enfin que les insurgés ne se battaient pas uniquement avec l’énergie du désespoir mais aussi pour défendre un idéal de liberté et de justice.
On notera un dernier point commun dans ces commémorations : si elles célébraient les hommes et les femmes insurgés, elles accordaient en revanche une place marginale aux femmes dans l’organisation des commémorations. Les femmes ne prononçaient qu’à de très rares exceptions des discours et, lorsqu’elles s’exprimaient, c’était surtout dans la partie artistique des cérémonies. Comme le note Simon Perego, il s’agit d’une division genrée des tâches : aux hommes appartenaient le registre de l’analyse rationnelle et politique dans les discours, aux femmes revenaient le registre émotionnel et esthétique qui s’exprimait dans la partie artistique des cérémonies.
Malgré ces points communs, chaque organisation faisait une lecture partisane du soulèvement. Pour les bundistes, le Bund était le leader et l’inspirateur de l’insurrection, qui s’inscrivait dans l’héritage de l’esprit libertaire des masses ouvrières juives. Les sionistes de gauche, voyaient dans l’insurrection les prémices de la lutte nationale menée par les Juifs pour l’indépendance de leur État. Ils soulignaient le rôle des travailleurs juifs dans l’insurrection et rendaient surtout hommage à l’Organisation juive de combat créée par trois mouvements sionistes de gauche : l’Hashomer Hatsair, le Dror et Akiva. Ils mettaient moins en avant le rôle de l’Union militaire juive des sionistes révisionnistes ou du Betar, leur mouvement de jeunesse. Enfin, les Juifs communistes honoraient leurs camarades morts au combat et valorisaient l’URSS et l’armée rouge en soulignant les liens entre l’insurrection et la victoire soviétique à Stalingrad quelques mois plus tôt. Les Juifs communistes évoquaient aussi les Polonais non-juifs différemment : ils ne leur reprochaient pas leur inaction mais soulignaient au contraire l’aide apportée aux combattants juifs du ghetto par la résistance non-juive ancrée à gauche. L’objectif des Juifs communistes était de montrer que ceux qui ont aidé les Juifs sont aussi ceux qui construisent la nouvelle Pologne socialiste.
Conclusion
Ainsi, le soulèvement du ghetto de Varsovie a joué un rôle central pendant la guerre, comme prise de conscience de ce qu’il se passait à l’Est, comme ou- til de mobilisation des masses juives dans la lutte et dans la Résistance et comme outil de l’unité des différentes organisations juives. Après-guerre, il devient un moment central des commémorations de toutes les organisations juives, chacune avec sa lecture partisane des évènements, malgré le partage de traits communs.
(1) « L’impact du soulèvement du ghetto de Varsovie en France. Extraits de la table ronde organisée par le CDJC le 17 avril 1983 au Sénat », Le Monde Juif, 1993/2-3 (N° 147-148), p. 304-321.
(2) Renée Poznanski, Propagandes et persécutions : la Résistance et le «problème juif», 1940-1944, Paris, Fayard, 2008, p. 510.
(3) Renée Poznanski, Propagandes et persécutions, op. cit.
(4) Ibid., p. 513.
(5) Ibid., p. 512.
(6) Simon Perego, « Pleurons-les : les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah, 1944-1967 ».
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