Le 14 Mai 1941: la "rafle du billet vert"
Ce vendredi 12 mai 2023, en présence de M. le Maire de Paris Centre, Ariel Weil, de l'adjointe à la mémoire de Mme la Maire de Paris, Mme Laurence Patrice, des élus de l'arrondissement et de la circonscription, parmiu lesquels M. le député Julien Bayou, a été dévoilée une plaque à la mémoire des 3710 hommes arrêtés lors de la rafle du "Billet vert", le 14 Mai 1941, par la police française sur odre de l'occupant nazi.
Nombre d'entre eux furent rassemblés à cette adresse, puis internés dans les camps du Loiret avant d'être déportés à Auschwitz pour y être exterminés selon les plans nazis.
L'AFMA était présente à cette commémoration
Abdel Sadi, Maire de Bobigny, Conseiller départemental,
Emma Deveau, Déléguée à la mémoire, aux anciens combattants et au tourisme,
le conseil municipal,
l'Association fonds mémoire d'Auschwitz (AFMA)
ont le plaisir de vous convier aux cérémonies républicaines dans le cadre de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation
Samedi 29 avril :
- 14 h Cérémonie au cimetière communal
- 14 h 30 Départ en car - Rendez-vous place Rabin-Arafat
- 15 h Cérémonie à la gare de Bobigny - Grande halle des Marchandises
Allocution de Bernard Grinfeld, Président de l'AFMA (voir ci-dessous)
Allocution et lecture du Message national 2023 des associations de déportés par M. Thierry Bercover, Président de l'AFMD
Allocution de Abdel Sadi, Maire de Bobigny
Témoignage de Jean Golgevit, lecture de textes par deux jeunes et chants d'Eva Golgevit - 15 h 45 Moment de recueillement
Allocution de Bernard Grinfeld, Président de l'AFMA:
Conformément à la loi de 1954, nous sommes réunis pour «célébrer la commémoration des Héros, victimes de la déportation vers les camps de concentration». Comme chaque année, fidèles à une longue tradition, nous rendons hommage à toutes celles et ceux qui, avec l’aide servile des autorités de Vichy ont été internés, déportés puis utilisés comme esclaves au service de l’économie de guerre nazie dans des camps dits de «la mort lente», ou assassinés dans des centres industriels de mise à mort. Ils étaient classés en 7 catégories plus ou moins "indésirables" aux yeux des nazis: Les Juifs, les Tsiganes, les asociaux, les Témoins de Jehovah, les Homosexuels, les droits communs, les politiques. De fait, il suffisait d’appartenir à l’une de ces catégories ou de manifester des sentiments d’avoir un geste un tant soit peu hostile pour être arrêté. Les handicapés, les Francs-maçons, les résistants, les réfractaires au STO ou ceux et celles qui contribuèrent à sauver des enfants ou à participer à des filières d’évasion, s’exposaient aux mêmes conséquences et connurent l’enfer de l’univers concentrationnaire. Les républicains espagnols n’y ont pas échappé.
Au delà des chiffres qui sont accablants, il s’agissait d’Hommes, de Femmes et même d’enfants qui portaient un nom, qui avait une histoire et que la grande Histoire ne doit pas oublier.
Il y a 80 ans, en France, après l’unification des mouvements de la Résistance (MUR), les forces clandestines se rassemblent au sein du Conseil National de la Résistance (CNR) dont la première réunion se tient le 27 mai 1943 rue du Four, à Paris. En prévision de la Libération, tous les services du Noyautage de l’Administration Publique (NAP), fusionnent. Ils sont notamment chargés de la confection des faux papiers dans les préfectures, des écoutes téléphoniques aux PTT, du sabotage à la SNCF, de l’évasion des agents et du sauvetage des proscrits, etc…
L’esprit de la Résistance n’avait pas cessé de se développer depuis les premières fusillades d’ «otages», de résistants et de patriotes. Il s’était encore renforcé après l’occupation de la zone libre, les premières défaites nazies en Afrique du Nord, à Stalingrad et l’instauration du STO. Il imprégna durablement la société Française après la guerre. Encore aujourd’hui, la lutte continue pour sauvegarder les acquits sociaux de cette période.
Notre reconnaissance va aussi à tous ces hommes et ces femmes qui, au péril et parfois au prix de leur vie ont apporté leur pierre au combat contre les nazis et leurs complices ou à la solidarité avec leurs victimes.
Nous tenons également à rendre hommage aux femmes qui furent internées tout près d’ici, au fort de Romainville et dont certaines furent déportées à Ravensbrück par le convoi des 31000.
À Varsovie aussi, la Résistance Juive s’unifie, en juillet 1942, au sein d’un « bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée : l’Organisation Juive de Combat (OJC).
Nous rendons hommage à ceux et celles très nombreuses, qui se sont soulevés et se sont sacrifiés, il y a 80 ans, dans le Ghetto pour la dignité humaine et la liberté. Mais aussi pour révéler au monde entier, dès le mois d’août 1942, non seulement l’horreur de leur vie quotidienne mais aussi la réalité de la destruction systématique de tout un peuple.
En France les résistants étrangers furent très sensibles aux informations venant de Varsovie. Ils les avaient captées soit directement de Pologne, soit par le truchement de la BBC. Ils les diffusèrent largement par les moyens clandestins qui étaient les leurs. Ce qui leur permis de mieux mobiliser les combattants.
Nous avons une pensée particulière pour eux. Ceux des FTP/MOI, du groupe Manouchian, de l’affiche rouge, qui multiplièrent les attaques. Elles culminaient au rythme de 2 par jour en 1943ils tombèrent en novembre et furent exécutés le 21 février 1944.
Aujourd’hui, le Mémorial de l’ancienne gare de déportation nous réunit à nouveau. Ce sont des Juifs uniquement qui sont partis d’ici, beaucoup ont été gazés directement en arrivant à Auschwitz-Birkenau ou Sobibor. Sur les plaques métalliques qui symbolisent chaque convoi de la solution finale parti de France, vous pouvez lire la destination, le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants. Le plus jeune d’entre-eux, Adam Blomberg, avait 14 jours. À la Libération, seuls 3% d’entre-eux revinrent parce qu’ils ou elles eurent la «chance» d’être sélectionnés pour le travail forcé et de survivre à la faim, au froid, à la maladie et aux marches de la mort.
Monsieur le Maire, vous connaissez l’attention que nous portons au succès du Mémorial de Bobigny. Nous faisons toute confiance à sa directrice Adèle Purlich et à son équipe. Notre association participe à la commission mémoire de l’ONAC-VG, ainsi qu’au jury départemental du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD). Nous travaillons, de plus en plus, en liaison avec le Département, les autres collectivités publiques ainsi que les associations mémorielles. D’ailleurs, symboliquement nous déposerons aujourd’hui, ici, et demain, au fort de Romainville, une gerbe commune avec nos Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Bien entendu nous ne manquerons pas l’inauguration du 18 juillet prochain.
Avant cela nous serons également ici-même, ensemble,le 25 mai prochain, pour remettre les prix du CNRD et pour assister à la conférence de Tal Brutmann sur l’Album d’Auschwitz.
Par ailleurs, nous projetons également de mettre en place, dans les semaines qui viennent une association des «amis du Mémorial de la gare de Déportation de Bobigny».
Commémoration du 80ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie
L'AFMA sera présente à la commémoration organisée par la Mairie de Paris, aux côtés des autres organisations juives, pour rappeler l'exemple de l'esprit de résistance et de l'unité des énergies face à la terreur criminelle nazie.
En avant première, nous vous livrons l'article qu'a bien voulu nous livrer l'historienne Zoé Grumberg:
Quel a été l’impact du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? Comment ce soulèvement a ensuite été commémoré par les Juifs de France à l’issue de la guerre ?
C’est en tant qu’historienne spécialiste du secteur juif du Parti communiste français (PCF) après la Seconde Guerre mondiale que j’interviens aujourd’hui : les Juifs communistes ont donc logiquement une place importante dans mon propos, même si je tâche de prêter la même attention aux mouvements non-communistes.
Pendant la guerre
Les premiers échos du soulèvement du ghetto de Varsovie se font entendre dans le monde juif de France à la fin du mois d’avril ou au début du mois de mai 1943, par le biais de Radio Londres et plus particulièrement du service polonais de la BBC. D’après Adam Rayski, responsable de la section juive du PCF sous l’Occupation, la diffusion sur Radio Londres aurait été retardée en raison des tractations entre le gouvernement polonais en exil et les autorités britanniques qui souhaitaient préalablement vérifier les informations(1).
Pour l’ancien résistant, cela s’expliquerait par la tendance des gouvernements des pays alliés à se méfier des soulèvements et révoltes non coordonnées avec leurs objectifs stratégiques ou politiques. Plus généralement, l’effet du soulèvement du ghetto de Varsovie paraissait limité sur le plan militaire et n’était pas de nature à changer le cours de la guerre : cela n’était donc pas au cœur de leur communication. Pour le monde juif, en revanche, cet événement revêtait une signification symbolique et morale très forte, ce que les organisations juives ont très vite compris. L’historienne Renée Poznanski date du 1er mai la première allusion à la résistance des Juifs du ghetto de Varsovie dans un numéro du journal juif communiste Notre voix(2).
Les informations étaient alors parcellaires et c’est dans les jours et semaines à venir, parallèlement à l’écoute des émissions de la BBC, qui donnaient des informations de plus en plus précises sur le déroulement des évènements, que les organisations juives de Résistance ont commencé à publier plus abondamment sur le soulèvement du ghetto de Varsovie. Parmi les plus actifs, on trouve les Juifs communistes au premier rang desquels l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (l’UJRE), qui consacre ses journaux clandestins (Undzer Wort, Notre Voix, Jeune Combat) au suivi du soulèvement du ghetto de Varsovie et le mentionne dans de nombreux tracts. Le Mouvement national contre le racisme (MNCR), proche de l’UJRE, diffuse et commente le soulèvement du Écho et mémoire du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif de France pendant et après la guerre.
“La presse clandestine était donc centrale pour obtenir de vraies informations sur l’évolution de la guerre et le sort des Juifs”
ghetto de Varsovie dans des numéros spéciaux de ses journaux J’accuse, Fraternité, Combat Médical notamment.
Les communistes ne sont toutefois pas les seuls à en parler dans leurs journaux : en septembre, le mouvement Poalé Tsion gauche, un mouvement sioniste marxiste, consacre ainsi le premier numéro de son journal en yiddish Arbeiter Zeitung, aux insurgés du ghetto de Varsovie.
Si tous les mouvements n’avaient pas de journaux clandestins, ce qui ne permet pas toujours de savoir s’ils relayaient telle ou telle information, le soulèvement du ghetto de Varsovie est un événement central pour toutes les organisations juives de France qui cherchent à en parler et à diffuser l’information par divers biais. Pourquoi les organisations juives de Résistance ont-elles fait une place importante à cette nouvelle et quel était leur objectif en essayant de la diffuser au plus grand nombre ?
Il faut rappeler que pendant la guerre, les Nazis cherchaient à dissimuler toute information sur le sort réservé aux Juifs à l’Est de l’Europe. De plus, les Juifs étaient théoriquement privés de postes de radio et donc ne pouvaient pas, sauf s’ils possédaient clandestinement une radio, se tenir au courant par le biais de Radio Londres par exemple. La presse clandestine était donc centrale pour obtenir de vraies informations sur l’évolution de la guerre et le sort des Juifs. Toutefois, la presse clandestine non-juive accordait peu d’importance à l’extermination des Juifs. En comparant la presse clandestine non-juive avec les émissions de Londres et avec les journaux des organisations de résistance juives, l’historienne Renée Poznanski a montré que la situation des Juifs n’a jamais été la priorité de la Résistance française(3).
Les organisations de résistance juives devaient donc en parler elles-mêmes et c’est d’ailleurs ce qu’elles faisaient, en tâchant d’alerter les Juifs sur la situation à l’Est et sur la nécessité de fuir et de se cacher. Mais le soulèvement du ghetto de Varsovie a eu une place très particulière dans la presse clandestine juive. En parlant du soulèvement du ghetto de Varsovie, la presse clandestine juive et particulièrement la presse juive communiste avait trois objectifs. Le premier objectif était de faire prendre conscience à la population juive du sort qui les attendait à l’Est.
Les Juifs communistes, en particulier, avait diffusé très tôt des informations sur ce qu’il se passait à l’Est. Mais lorsqu’ils parlaient des rumeurs autour de l’existence de gaz asphyxiant, y croyaient-ils eux-mêmes ? Et que croyaient la population juive ? On peut tout à fait savoir quelque chose, sans toutefois y croire. Ce que montrait le soulèvement du ghetto de Varsovie, c’est que des hommes et des femmes étaient prêts à se battre et à perdre la vie dans des combats, plutôt que d’être déportés.
La déportation ne menait donc pas à des prétendues « camps de travail » mais à la mort, dans la plupart des cas. Répression du soulèvement du ghetto de Varsovie par la Waffen SS. Le deuxième objectif de la presse clandestine juive de France était de mobiliser les masses juives dans la lutte contre l’occupant. Undzer Wort écrivait ainsi en juin 1943 : « Les Juifs de Varsovie ont fait la seule constatation logique découlant de leur martyre : se résigner, attendre, rechercher des compromis, menaient inévitablement à la disparition ».
En faisant entendre les cris des Juifs insurgés du ghetto, il s’agissait donc autant de leur rendre hommage que de faire prendre conscience aux Juifs de France de l’importance de la lutte, peu importe la forme qu’elle pouvait prendre (pour les communistes, notamment, cette lutte se devait d’être armée, un point de vue que ne partageaient pas toutes les organisations juives).
Alors que les Juifs étaient menacés dans les existence tant individuelle que collective, et que la clandestinité et la situation de la guerre pouvait conduire à l’éparpillement et au repli sur soi, les organisations juives appelaient à la mobilisation collective. Les Juifs communistes n’hésitaient pas, dans ce contexte, à faire référence à l’existence nationale du peuple juif, en inscrivant le soulèvement du ghetto de Varsovie dans la continuité de luttes du peuple juif pour une existence nationale indépendante(4).
Renée Poznanski rappelle que cette référence à l’existence nationale du peuple juif pouvait avoir un objectif militant pour les Juifs communistes, qui cherchaient à galvaniser tous les Juifs de France. Mais elle révèle aussi la conscience des Juifs communistes qu’un tournant semblait s’être produit dans l’histoire du peuple juif, ce qui les conduisait à des accents nationalistes qu’ils rejetaient jusqu’alors.
Enfin, le troisième objectif poursuivi par les organisations juives était l’unité. Au printemps 1943, le monde juif était en pleine réorganisation politique. Des négociations avaient lieu entre diverses organisations juives yiddishophones : sionistes, bundistes et communistes. Comme l’explique Renée Poznanski, « les nouvelles du ghetto semblent avoir eu un impact direct sur leur résultat(5) ». Les bundistes, initialement hostiles à tout accord avec les communistes, auraient en effet changé d’avis à ce moment, à la suite des échos du soulèvement héroïque du ghetto de Varsovie, fruit de l’union de plusieurs forces politiques initialement concurrentes. Les négociations ont ensuite donné lieu à la création du Comité général de Défense (CGD), premier pas vers l’union de toutes les forces juives de France dans le Conseil représentatif des Juifs de France (CRJF, qui devient après-guerre le CRIF).
Prise de conscience, mobilisation, unité, tels ont été les impacts du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif de France pendant la guerre. En donnant l’image d’un peuple juif héroïque, les insurgés du ghetto de Varsovie ont non seulement lutté pour leur vie mais aussi pour l’existence collective du monde juif, pour sa dignité et pour la liberté. “le troisième objectif poursuivi par les organisations juives était l’unité. Au printemps 1943, le monde juif était en pleine réorganisation politique” Rue Nowolipie à l'intersection avec la rue Smocza, ghetto de Varsovie.
Après la guerre
Comment le monde juif de France a-t-il commémoré l’insurrection du ghetto de Varsovie après la guerre ?
Comme l’a montré l’historien Simon Perego, auteur d’une thèse sur les commémorations de la Shoah dans le monde juif de France entre 1944 et 1967, la commémoration de la révolte du ghetto de Varsovie était au cœur de la mémoire des Juifs de Paris après la Seconde Guerre(6).
L’insurrection avait une valeur de « mythe », c’est-à-dire un souvenir idéalisé qui exerce une fascination durable sur la conscience collective. Cette commémoration est devenue le rendez-vous le plus important du calendrier juif parisien. Temps fort commémoratif de l’année, elle rassemblait un public nombreux, prenait souvent une forme grandiose avec des discours, des parties artistiques, des intervenants connus. Toutefois, dans le contexte des conflits politiques dans le monde juif, qui ont progressivement conduit à la division du monde juif entre communistes et non-communistes (à partir de 1948 et surtout au début des années 1950), la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie s’est vite fragmentée.
Après des commémorations communes dans l’immédiat après-guerre, les organisations ont toutes cherché à organiser leur propre commémoration. Cela témoignait non seulement des conflits entre organisations juives mais aussi d’une vision ni unanime ni consensuelle du soulèvement du ghetto de Varsovie. Ce sont surtout quatre grandes commémorations qui avaient lieu : celle du Bund et de l’Arbeter Ring, celle de la Fédération des sociétés juives de France (à tendance sioniste) et des organisations non ou anti-communistes), celle de l’UJRE et des groupements progressistes et, à partir de 1957, celle du Mémorial du martyr juif inconnu.
Malgré cette fragmentation des commémorations, ces dernières partageaient des traits communs. Elles mettaient tout d’abord en avant le rôle des civils révoltés, hommes et femmes. Les femmes ont en effet participé à la lutte armée mais beaucoup d’entre elles ont aussi joué un rôle central dans l’aide concrète aux combattants qu’elles cachaient, hébergeaient, nourrissaient. Les organisations juives soulignaient, deuxièmement, le fait qu’il s’agissait d’une des premières révoltes de ce type pendant la guerre. Elles rappelaient les mérites militaires des combats face à des nazis bien plus nombreux et plus armés. Elles soulignaient enfin que les insurgés ne se battaient pas uniquement avec l’énergie du désespoir mais aussi pour défendre un idéal de liberté et de justice.
On notera un dernier point commun dans ces commémorations : si elles célébraient les hommes et les femmes insurgés, elles accordaient en revanche une place marginale aux femmes dans l’organisation des commémorations. Les femmes ne prononçaient qu’à de très rares exceptions des discours et, lorsqu’elles s’exprimaient, c’était surtout dans la partie artistique des cérémonies. Comme le note Simon Perego, il s’agit d’une division genrée des tâches : aux hommes appartenaient le registre de l’analyse rationnelle et politique dans les discours, aux femmes revenaient le registre émotionnel et esthétique qui s’exprimait dans la partie artistique des cérémonies.
Malgré ces points communs, chaque organisation faisait une lecture partisane du soulèvement. Pour les bundistes, le Bund était le leader et l’inspirateur de l’insurrection, qui s’inscrivait dans l’héritage de l’esprit libertaire des masses ouvrières juives. Les sionistes de gauche, voyaient dans l’insurrection les prémices de la lutte nationale menée par les Juifs pour l’indépendance de leur État. Ils soulignaient le rôle des travailleurs juifs dans l’insurrection et rendaient surtout hommage à l’Organisation juive de combat créée par trois mouvements sionistes de gauche : l’Hashomer Hatsair, le Dror et Akiva. Ils mettaient moins en avant le rôle de l’Union militaire juive des sionistes révisionnistes ou du Betar, leur mouvement de jeunesse. Enfin, les Juifs communistes honoraient leurs camarades morts au combat et valorisaient l’URSS et l’armée rouge en soulignant les liens entre l’insurrection et la victoire soviétique à Stalingrad quelques mois plus tôt. Les Juifs communistes évoquaient aussi les Polonais non-juifs différemment : ils ne leur reprochaient pas leur inaction mais soulignaient au contraire l’aide apportée aux combattants juifs du ghetto par la résistance non-juive ancrée à gauche. L’objectif des Juifs communistes était de montrer que ceux qui ont aidé les Juifs sont aussi ceux qui construisent la nouvelle Pologne socialiste.
Conclusion
Ainsi, le soulèvement du ghetto de Varsovie a joué un rôle central pendant la guerre, comme prise de conscience de ce qu’il se passait à l’Est, comme ou- til de mobilisation des masses juives dans la lutte et dans la Résistance et comme outil de l’unité des différentes organisations juives. Après-guerre, il devient un moment central des commémorations de toutes les organisations juives, chacune avec sa lecture partisane des évènements, malgré le partage de traits communs.
(1) « L’impact du soulèvement du ghetto de Varsovie en France. Extraits de la table ronde organisée par le CDJC le 17 avril 1983 au Sénat », Le Monde Juif, 1993/2-3 (N° 147-148), p. 304-321.
(2) Renée Poznanski, Propagandes et persécutions : la Résistance et le «problème juif», 1940-1944, Paris, Fayard, 2008, p. 510.
(3) Renée Poznanski, Propagandes et persécutions, op. cit.
(4) Ibid., p. 513.
(5) Ibid., p. 512.
(6) Simon Perego, « Pleurons-les : les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah, 1944-1967 ».
Bon Anniversaire!
Denise Toros-Marter
- Commandeur de la Legion d’Honneur -
Déportée à Auschwitz-Birkenau,
Denise Toros-Marter est née le 16 avril 1928 à Marseille, de parents juifs français israélites, juive alsacienne par sa mère et juive algérienne par son père Lucien et Marcelle Julie Marter. Elle a deux frères aînés, André et René. La famille est traditionnelle, elle célèbre les fêtes juives. Le grand-père de Denise a été, pendant 47 ans, conservateur du cimetière israélite de La Timone, à Marseille.
Le père de Denise est un ancien combattant de la guerre de 14-18 et en En 1939, il le père de Denise est mobilisé et envoyé en Syrie. Il est enregistré en préfecture comme juif, dès la déclaration du statut des juifs par Laval et Pétain.
En 1944, Denise a 16 ans. Elle va tous les jours au lycée et suit également par la suite des cours de sténo dactylo et des cours d’anglais allemand à l’école Berlitz. dans une école. Un jour ou elle passe au magasin de chaussures de sa grand-mère, celle-ci lui apprend que le professeur Crémieux est arrêté. sur le chemin, elle passe par la boutique de chaussures de sa grand-mère. Celle-ci lui apprend que le professeur Crémieux a été arrêté. Pour Denise, c’est le choc et l’effroi. Le professeur Crémieux répond au mêmes critères que la famille Marter.
La famille du professeur Crémieux est française depuis plusieurs générations, éminent psychiatre et ancien combattant des deux guerres. Sa situation correspond à celle de sa famille. Elle a soudain très peur d’être arrêtée. En rentrant chez elle, Denise prévient ses parents sa famille. Mais, son père, craignant une séparation familiale, ces derniers ne s’en inquiètent pas davantage et préfèrent rester ensemble. Sa mère, plus sensibilisée, accepte néanmoins que Denise aille chez une amie du lycée qui a proposé de l’héberger si elle se sent en danger. Denise s’apprête à aller se cacher chez son amie, elle finit de lacer ses chaussures, lorsque les miliciens français tapent à la porte.
Elle est arrêtée le 13 avril 1944, chez elle, avec son père et sa mère. Sa grand-mère est arrêtée à son magasin de chaussures, avec André, son frère aîné qui s’y trouvait également. René en réchappe avec un signe de l’employée.
La famille est conduite au siège de la Gestapo, 425 rue Paradis, à Marseille. Les hommes et les femmes sont séparés. Ils couchent par terre dans une cellule sur des paillasses. Ils sont ensuite transférés à la prison des Baumettes, avant d’être transférés au camp de Drancy en train dortoir.
À Drancy, « on est dans un dortoir avec des lits en fer, des tabourets, des tables ». « Dans la cour, des gens parlent Yiddish ». Denise ne connaît pas trop cette langue, dans le sud, on parle le provençal, mais elle les questionne. « Où vont tous ses convois qui partent d’ici ? » « Pitchipoï » répondent-ils. Pitchipoï, c’est un village imaginaire en Yiddish. Pitchipoï, c’était Auschwitz. Denise travaille à Drancy. Elle nettoie l’appartement d’une gendarme française dont le mari qui gardait le camp d’internement. « Elle ne m’offre pas un verre d’eau, ne me dit pas bonjour, et me dit ‘il y a ça et ça à faire’ ». Cela a profondément blessé Denise de la part d’une française.
Denise est déportée le 20 mai 1944, dans le convoi n°74 à destination d’Auschwitz-Birkenau. Ses parents, sa grand-mère et son frère André sont également déportés dans ce convoi. Le voyage se fait dans des wagons à bestiaux. À son arrivée, elle est sélectionnée pour le travail forcé. C’est la dernière fois qu’elle voit son père, sa mère et sa grand-mère. Elle est conduite dans un bloc de quarantaine où elle est tatouée sur son bras le numéro A.5556, puis et dépouillée de ses vêtements, tondue, et où on lui passe des haillons, ses nouveaux vêtements.
À Birkenau, tout est fait pour y perdre sa dignité, et ensuite sa vie.
Denise attrape la varicelle.
Elle a eu trois fois les pieds gelés durant sa déportation. On l’envoie au Revier, l’hôpital du camp, où on lui donne un cachet d’aspirine. « Si on était à l’hôpital du camp, on prenait le risque de ne pas passer la sélection et d’être envoyé aux à la chambres à gaz. On ne servait plus à rien ».
Avant la libération d’Auschwitz en janvier 1945, Denise a avait la gangrène et souffre souffrait des pieds gelés pour la troisième fois au troisième degré. Ses doigts de pieds sont tombés tout seuls… Elle est était au Revier, elle ne subit donc pas la marche de la mort. Elle est libérée par les Russes. Mais il lui a fallu trois mois pour se lever et marcher après une opération du pied réalisé par un médecin de la Croix Rouge Polonaise et soignée par des religieuses dévouées.
À son retour en France, elle arrive à l’hôtel Lutetia à Paris et est transférée à Marseille. Son frère René vient la chercher. Il a survécu à la guerre, il était résistant dans le maquis du Gard avec deux cousins : Georges Glasberg et René Almeras. Ils ont combattu dans le maquis Sainte Hyppolite du Fort.
Son frère aîné André a été déporté à Auschwitz-Birkenau et à Mauthausen. Il a également survécu. Il s’est rétabli en Suisse avant de rentrer en France ne pouvant être rapatrié sans ses forces physiques
Les trois orphelins rentrent, se retrouvent à Marseille. Denise a 17-18 ans, elle emménage avec son frère aîné André qui prit soin d’elle.
Aujourd’hui Denise est particulièrement fière d’avoir créé l’Amicale des déportés d’Auschwitz, une association pour la mémoire de la Shoah, dont l’objectif est de témoigner auprès des jeunes. Le contact auprès des jeunes qu’elle rencontre pour témoigner et avec les supers professeurs d’histoire la rend heureuse. Ce qu’elle souhaite leur transmettre, c’est la tolérance vis-à-vis de l’autre, malgré de la différence qui génère la démocratie et la liberté d’expression. Chacun apporte sa différence à la société.Elle prendra également une part très active dans la création de l’AFMA à Marseille.
Elle est également fière d’avoir publié son livre, d’avoir raconté son histoire. « Quand je suis revenue de déportation, j’ai pris un cahier d’écolier sur lequel était écrit paradoxalement sur la couverture «l’avenir» et j’ai tout écrit, tout ce dont je me souvenais des moments gravés dans mon cœur et dans ma tête, ce que je ressentais ». Des années plus tard, c’est à partir de ce manuscrit qu’elle a rédigé son livre-témoignage « J’avais 16 ans à Pitchipoi ».
Elle écrit des poèmes rappelant son parcours dramatique notamment «Liberté» et «Hantise» ainsi qu’un texte qui conclue ses témoignages : «Le testament d’Auschwitz». Elle va témoigner auprès des jeunes avec la promesse qu’elle a faite à ses camarades voués à la chambre à Gaz : «Si jamais tu t’en sors ! Raconte !»
«J’ai écrit un poème qui s’intitule « Liberté »».
Lire:
Denise TOROS-MARTER, J’avais seize ans à Pitchipoï. Paris: ed. Le Manuscrit, 2008. 225 pages
https://lemanuscrit.fr/livres/javais-seize-ans-a-pitchipoi/
Témoignage d'Isabelle Choko à l'UNESCO (Paris)
L'Assemblée Générale de l'AFMA, ce 16 Mars 2023, s'ouvrira avec le rappel du témoignage d'Isabelle Choko à l'UNESCO.
L’UNESCO a marqué la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste en organisant une cérémonie au Siège de l’Organisation le 26 janvier 2023.
« Commémorer les victimes, perpétuer la mémoire de l’Holocauste ainsi que lutter contre la haine et les théories du complot : il en va de notre devoir collectif », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, lors de l’ouverture de cette cérémonie. Se sont joints à elle le Président du Mémorial de la Shoah, M. Éric de Rothschild, et le compositeur M. Jorge Grundman, dont l’œuvre intitulée Shoah a été interprétée par le violoniste M. Robert Davidovici.
La commémoration a été marquée par le témoignage de Mme Isabelle Choko, Présidente de l’Union des déportés d’Auschwitz (France) et de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz.
Son témoignage reste disponible à l'écoute avec le lien suivant:
Témoignage de Claude Bloch à Oraison (Alpes de Haute Provence)
Claude Bloch témoignant
Ce 2 Mars 2023, notre ami Claude Bloch, devant l'attentif auditoire des collégiens d'Oraison, a témoigné du contexte de la montée du nazisme, de la traque des juifs menée avec le concours actif de la milice française, collaborateurs des nazis, mais aussi de la Résistance et de la solidarité. Il témoigne aussi de son histoire personnelle et de celle de sa famille, de son arrestation, de sa déportation à Auschwitz, de l'enfer concentrationnaire et de son difficile retour.
Les jeunes auditeurs ont à leur tour, dans un "livre d'or" fait part de l'importance marquante qu'avait produit ce témoignage.
Son témoignage a fait l'objet d'un reportage complet dans le journal Haute Provence Info:
https://www.hauteprovenceinfo.com/actualite-40260-oraison-le-temoignage-d-un-rescape-d-auschwitz
Claude Bochurberg reçoit Bernard Grinfeld, Philippe Moreau et Joseph Finkelsztajn
Claude Bochurberg, dans son émission "Mémoire et Vigilance" recevait Bernard Grinfeld, co-président de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz, Philippe Moreau, secrétaire général adjoint de l'AFMA et Joseph Finkelsztajn, réalisateur du film projeté en avant-première, sous l'égide de l'AFMA, "Le Cri du Ghetto résonne encore" sur la transmission intrafamiliale du traumatisme.
L'échange mené par Claude Bochurberg ouvre à la réflexion sur la transmission de la mémoire, collective ou individuelle: approches historiques ou pédagogiques, dans un cadre associatif ou personnel. Pour porter témoignage, le vécu rapporté ou le poids ressenti de l'héritage peuvent être douloureux ou salvateurs.
Discours prononcé par Joseph Finkelsztajn lors de l'inauguration de la plaque au nom de ses parents
le Lundi 28 novembre 2022, à 11h
devant le 55, rue St Antoine 75004 Paris
Il y a deux ans, j’ai demandé à la Mairie si mes parents pouvaient avoir un lieu de mémoire public à leurs noms.
Aujourd’hui, devant vous, je suis heureux et fier de voir ce projet se réaliser. Car cette plaque au nom de mes parents, ici, au cœur du Marais, est une reconnaissance publique de l’histoire des centaines de juifs ashkénazes rescapés du génocide juif, qui ont vécu dans ce quartier à partir des années 50.
Je remercie d’abord la copropriété de l’immeuble, qui a voté à l’unanimité pour ce projet.
Mille mercis à la Mairie de Paris et son personnel dévoué, en particulier Céline Aveline qui m’a accompagnée tout au long de ce projet.
Bien sûr, de tout cœur, à Ariel Weil et Laurence Patrice, les élus qui ont permis cet événement symbolique !
Merci pour la présence du Grand Rabbin Kaufman, de la synagogue de la Place des Vosges, où ma mère allait, car c’est la synagogue des déportés!
Je vous remercie tous, sincèrement, qui êtes venus ce matin, pour ce moment historique.
Qui étaient mes parents?
Mon père Henieck est né dans un village de Pologne, près de Varsovie.
Au début de la guerre, il a 21 ans. Pendant toute la guerre, il sera un combattant.
Il se retrouve, comme 600 000 Juifs, dans le ghetto de Varsovie.
Il se fait passer pour Polonais et travaille pendant des mois dans une usine. Après un contrôle de la Gestapo, il se retrouve dans un train en direction de Treblinka.
Là, symbole de son énergie à vivre, avec d’autres camarades, il ouvre la porte du train qui l’emmène à la mort, et s’enfuit avec d’autres juifs libérés. Il se cache alors dans la forêt, et cherche à rejoindre la résistance polonaise. Découvrant que celle-ci tue aussi les juifs, il s’enfuie et vit seul pendant des mois dans la forêt, et avance à la rencontre des forces russes.
Il devient alors agent du NKVD, les services secrets soviétiques, avec pour mission de rechercher les collaborateurs pronazis, ukrainiens et polonais, pendant une année, jusqu’à la défaite des nazis.
A la fin de la guerre, il se retrouve seul: toute sa famille, ses sept frères et sœurs, tous mariés, avec leurs enfants, tous ont disparus dans les camps.
Il retrouve une cousine plus jeune, ma mère, et se marie avec elle.
Ma mère Génia est née à Varsovie. Au début de la guerre elle a 13 ans.
Son père meurt lors des premiers bombardements sur Varsovie, marquant le début de la 2e Guerre Mondiale. Sa mère est déportée à Treblinka, Génia elle, s’est cachée dans une armoire pendant la descente de la Gestapo.
Son frère, âgé de 18 ans, est un combattant, lui aussi! En contact avec la résistance polonaise, il introduit des armes dans le ghetto, réussit à sauver ma mère en la faisant sortir du ghetto juste à la veille de l’insurrection, et combat jusqu’à la mort contre les nazis.
À partir d’avril 1943, Génia se cache dans des familles polonaises, et est obligée de changer sans arrêt de lieu d’habitation, pour éviter les dénonciations des habitants, et les nazis.
Pendant l’insurrection, elle voit le ghetto en flamme, loin devant elle, le visage en larmes…
Après la guerre, elle se retrouve seule, toute sa famille a disparu.
Après son mariage avec Henieck, elle voulait alors faire des études d’avocat, mais l’antisémitisme polonais, très violent, l’oblige à quitter le pays.
Sur le chemin vers la France, ils se retrouvent emprisonnés pendant des mois à Berlin par les soviétiques, dans les mêmes geôles que les nazis.
Arrivés en France, une nouvelle vie commence. Ils sont bien accueillis par leur nouveau pays. Ils doivent faire n’importe quel travail pour vivre, alors mon père devient tailleur en confection pour dames, et Génia l’aide dans ce travail.
Ils travaillent dur, parfois 16 heures par jour, comme des centaines d’autres juifs ashkénazes installés dans le Marais.
Leurs amis du quartier sont des survivants comme eux, parlent yiddish et discutent beaucoup politique: la politique a remplacé la religion.
Imaginez leur vie, dans cet appartement au 55, rue St Antoine, à travailler dur, vivre, et avoir deux enfants qu’ils élèvent du mieux possible, et économiser et se sacrifier pour eux.
Mon père, et j’en suis fier, était un libre penseur : il n’adhérait à aucune religion, ni à aucune idéologie. Il lisait beaucoup, en français et en yiddish, et appréciait beaucoup la littérature française. Il était très réservé, et silencieux sur son passé.
A partir des années 80, ma mère Génia s’est mise à écrire des poèmes sur son vécu. En 1986, elle édite un recueil de poèmes «Le Cri du ghetto» qui obtient un prix de poésie à la Mairie de Paris: elle en sera très fière, toujours. Elle témoigne ensuite sur son passé, dans des soirées poésie, dans des journaux, au lycée Charlemagne aussi, et dans le film que j’ai réalisé «la Saga des Finkelsztajn». Elle participe aussi à des émissions radio.
C’était toute sa vie, une militante de la mémoire, du « plus jamais ça» jusqu’à la fin. A 86 ans encore, elle a témoigné, avec une mémoire si précise, devant une salle pleine, au Mémorial de la Shoah.
Puis elle s’est battue aussi dans des associations, pour le retrait des Carmélites d’Auschwitz dans les années 80, et pour la commémoration de la Shoah dans la communauté et en France, avec Simone Veil et d’autres: son espoir s’est réalisé! Elle répétait toujours: vous, les jeunes générations, il faut se battre pour la liberté, toujours et encore.
Alors mes parents Génia et Henieck Finkelsztajn, sont un exemple de ces juifs qui ont réussi à échapper à l’enfer, et ont combattu toute leur vie dans l’ombre pour survivre, après avoir perdu tous leurs proches.
Le Cri du ghetto résonne encore
Projection et débat
Dimanche 5 mars 2023, 15h (entrée dès 14:45)
Salle Jean Dame, 17 rue Léopold Bellan, 75002 Paris
L’AFMA vous invite à l’avant première du film Le Cri du ghetto résonne encore.
La projection sera suivie par un échange avec le réalisateur autour du sujet de la transmission de la mémoire, du témoignage et de son inscription dans le présent.
Le Cri du ghetto résonne encore est un documentaire sur la transmission intrafamiliale du traumatisme de la Shoah.
À travers le portrait sur trois générations d’une famille marquée par la mémoire du génocide du peuple juif, ce film révèle la difficulté qui persiste, à raconter cette histoire indicible et fragmentée.
Faisant dialoguer des extraits d’entretiens datant de 1994 avec d’autres plus récents, le réalisateur retrace les périples vécus par ses parents Génia et Henieck Finkelsztajn, tous deux survivants du ghetto de Varsovie, et met en scène sa quête intime pour se libérer du poids de ce passé et perpétuer la transmission de cette mémoire.
Le Cri du ghetto résonne encore, 2023 Joseph Finkelsztajn
Film couleur | Durée : 50 minutes | Réalisation : Joseph Finkelsztajn | Montage et post-production : Garance Scharf, Antoine Courtin | Musique : Alexandre Finkelsztajn
Cérémonie commémorative anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz,
journée internationale de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité
VENDREDI 27 JANVIER 2023 à 16 heures
Ancienne Gare de Déportation, 151 avenue Henri Barbusse 93000 Bobigny
L'AFMA vous encourage à répondre à l'invitation de M. Abdel Sadi, Maire de Bobigny, et de Mme Emma Deveau, adjointe au maire à la mémoire et aux anciens combattants.
- 15h15 Départ en car de la place Rabin-Arafat
- 16h00 Cérémonie officielle
- Discours de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz
- Discours de Monsieur le Maire
- Lecture de textes et de témoignages
- Intervention du conservatoire Jean Wiener
- Recueillement et dépôt de gerbes
Cette année, la cérémonie commémorative se tiendra sur le site aménagé et récemment ouvert au public, résultat d'un long projet lancé par l'AFMA, la Ville de Bobigny et d'autres partenaires dont la SNCF.
Conformément à ses engagements pour le développement du projet, pour l’AFMA, Association Fonds Mémoire d’Auschwitz, Micheline Tinader notre trésorière et Bernard Grinfeld Co-Président remettront à la ville notre contribution à la réalisation du projet d’aménagement du site de l’Ancienne Gare de Déportation, assurant en particulier la mise en place de la série de stèles commémoratives des convois.
1943-2023: Rafles, évacuation et destruction des Vieux-Quartiers
L'AFMA vous invite à participer, avec les autres partenaires, à la commémoration des 80 ans des rafles de Marseille:
Le 29 Janvier 2023, 10 heures
Hôtel de Ville, Quai du Port
- Inauguration de l'exposition "Les Juifs de France dans la Shoah" en Espace Muséal Bargemon
- Cérémonie de clôture à l'Opéra de Marseille avec le dévoilement de la première stèle du parcours mémoriel
Sur le parvis de l'Opéra à 14 heures
En partenariat et en présence de :
Le Mémorial de la Shoah / L’Office National des Combattants et des Victimes de Guerre / l’Amicale des déportés d’ Auschwitz / l’Association Fonds Mémoire d’Auschw itz / les Associations de Déportés ADIRP , AFMDl /Amicale de Sachsenhausen / le C.R.I.F . Marseille-Provence / le Fonds Social Juif Unifié / le Consistoire Israélite de Marseille / le Comité Français pour Yad Vashem et les Justes/ la Fédération Nationale de la Mémoire Vive la Résistance / le collectif Saint-Jean 24 janvier 1943
RSVP avant le 20 janvier :
80ème anniversaire du départ du convoi des 31000
Dimanche 22 Janvier 2023
L'AFMA se joint à l'invitation des municipalités, de l’association “Mémoire vive des convois des 45000 et des 31000 d’Auschwitz-Birkenau ” et des associations d’anciens combattants des Lilas et de Romainville pour commémorer le départ du convoi des 31000
- 9h Hôtel de Ville de Romainville
- 10h Fort de Romainville
Paris 4ème, école de la rue de l'Ave Maria : dévoilement d'une nouvelle plaque aux élèves juives déportées
Allocution de M. Ariel Weil, maire du 4ème arrondissement de Paris, devant les élèves, les enseignants, les familles et les parisiens
Ce Vendredi 20 Janvier 2023, après de minutieuses recherches d'archives menées par les associations de mémoire (AMEJD, ...) une nouvelle plaque a été dévoilée dans l'école primaire de la rue de l'Ave Maria dans le quatrième arrondissement de Paris.
La nouvelle plaque restitue le nombre de 46 jeunes élèves de l'école, victimes des arrestations, de la déportation puis de l'extermination organisées sur base raciale par les nazis allemands et leurs collaborateurs français du régime de Vichy.
Après les allocutions de la directrice de l'école, du maire de l'arrondissement, de l'adjointe à la mémoire de la maire de Paris, des représentantes des associations, la commémoration marquée par la chorale des enfants, illustrant un important travail des élèves sous la direction de l'équipe enseignante de l'école.
Les jeunes élèves ont ensuite procédé à la lecture des noms des élèves juives dont la mémoire est ainsi rappelée.
Le site de la Gare de Déportation de Bobigny est ouvert au public!
Au long de nombreuses années, l'AFMA a porté avec la ville de Bobigny, la SNCF et d'autres acteurs le souci de la préservation puis la valorisation du site de la gare de déportation de Bobigny, comme le rappelle Bernard Grinfeld dans son éditorial notre Lettre de l'AFMA n°113 de décembre 2022.
A l'occasion de la mise en place des stèles commémorant les convois partis de cette gare vers Auschwitz, l'AFMA a versé les fonds qu'elle avait recueillis pour que cela soit fait.
Le 18 Janvier 2023, le site sera ouvert au public, l'inauguration officielle est prévue le 18 Juillet 2023, pour le 80ème anniversaire du premier convoi parti de la gare de Bobigny.
Nous aurons l'occasion de revenir sur les évènements qui y seront organisés, à commencer par la traditionnelle commémoration de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 Janvier.
Ecouter la Muette, l’histoire des mémoires d’une cité de Drancy
Dimanche 8 Janvier 2023, France Culture présentait une expérience, celle de Myriam Rabah-Konaté revenant sur ses souvenirs de jeune écolière traversant la Cité de la Muette, sa découverte de l'histoire centrale du camp dans la déportation en France et sa perception parmi les petits écoliers d'aujourd'hui.
Parmi les témoignages, ceux de nos amies Alice Chekroun et Micheline Tinader avec Lucien Tinader, toujours présents dans la Cité où ils animent encore le local de l'AFMA et participent de cette mémoire vive dont l'émission veut porter écho.
Nous vous invitons à réécouter cette stimulante émission "Ecouter la Muette, l’histoire des mémoires d’une cité de Drancy" réalisée par David Jacubowiez
Cérémonie commémorative de la rafle des Juifs de Tunis par les SS
Dimanche 11 décembre 2022, à 10h45
Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy l’Asnier 75004 Paris
L'AFMA partage l'invitation à honorer de votre présence la cérémonie commémorative organisée par la Société d'Histoire des Juifs de Tunisie S.H.J.T., destinée à rappeler la mémoire des Juifs de Tunisie déportés et exterminés dans les camps d'Europe, des victimes de la barbarie nazie dans les camps de travail institués sur le territoire tunisien pendant la période de l’occupation par les troupes de l’Axe et à faire connaitre un épisode de la Shoah souvent ignoré. Un hommage particulier sera rendu aux morts au Champ d’honneur sur les différents théâtres d'opérations.
Dimanche 18 Septembre 2022
de 14:00 à 16:00 heures
Dans le cadres des Journées du Patrimoine, l'AFMA ouvrira les portes de son local et de son exposition permanente au coeur de la Cité de la Muette.
Nous serons heureux de vous y accueillir, de présenter l'exposition comme d'échanger sur nos activités et nos projets.
Samedi 17 septembre, de 15h à 16h 30
Dimanche 18 septembre, de 11h à 12h 30
Dans le cadre des Journées du matrimoine et du patrimoine 2022, organisées par la ville de Bobigny et dans le contexte d'une ouverture progressive au public, le site de l'Ancienne Gare de Déportation (69-151 avenue Henri Barbusse, 93000 Bobigny) vous accueille pour deux représentations, par la Compagnie AcontraTempo, de la pièce théâtrale intimiste "Retour à Birkenau" inspirée de l'œuvre-témoignage de l'auteure Ginette Kolinka.
L'AFMA sera présente aux côtés du public et de Ginette Kolinka.
Inscriptions et renseignements sur Tourisme 93 ou par téléphone : 01 41 60 94 94
- Sobibor : archéologie et muséographie, sur France3 TV
- Lettre de l'AFMA - Nº111 Juin 2022
- Rafle du Vel d'Hiv et déportation : 16 Juillet 2022, commémoration à Fossoy (Aisne)
- L'AFMA à la Fête de la Ville de Bobigny
- L'AFMA à la Journée des Associations du 17e Festival des Cultures Juives
- 7Juin 1942: le port de l'étoile jaune imposé aux Juifs
- Assemblée Générale Ordinaire 2022
- Qui sommes-nous?
- Gare de Bobigny: cérémonie commémorative du souvenir des victimes et des héros de la Déportation
- Aujourd’hui, ne rien faire, c’est laisser faire: l'histoire alerte le présent
- 80ème anniversaire du départ premier convoi à destination d’Auschwitz
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